La patience est souvent perçue comme une qualité de plus en plus rare dans le monde moderne, elle est définie par la capacité d'un individu à maîtriser ses émotions et à rester calme face aux tensions ou aux difficultés. Certains psychologues la définissent comme une forme de tolérance face à la provocation et aux facteurs de stress psychologiques et physiques. Pourtant, la patience est fréquemment abordée sous un angle purement psychologique, sans tenir compte des facteurs biologiques qui sous-tendent ce comportement.
Il est évident que la patience est étroitement liée à notre système neuro-endocrinologique, en particulier aux systèmes sympathiques et parasympathiques. un système parasympathique dominant favorise un état de calme et de patience. Ce système est régulé par divers neurotransmetteurs, dont le plus important est le GABA (acide gamma-amino butyrique), un neurotransmetteur qui facilite la relaxation et réduit le stress. [1]
Le GABA, essentiel à la gestion du stress et à la régulation émotionnelle, est produit par certaines bactéries du microbiote intestinal, notamment celles du genre Lactobacillus. Cependant, l’usage excessif d’antibiotiques, notamment dans l’élevage de poulets, peut entraîner une infiltration de ces substances dans la chaîne alimentaire. Cela perturbe l'équilibre du microbiote intestinal, menant à une dysbiose qui réduit la population de bactéries productrices de butyrate, ce qui, par voie de conséquence, diminue la production de GABA. [2] [3]
Les probiotiques, tels que ceux contenus dans les légumes lacto-fermentés, jouent un rôle protecteur en stimulant la croissance des bactéries responsables de la production de GABA. En parallèle, certains micronutriments comme le magnésium soutiennent la régulation du système nerveux en activant les récepteurs NMDA et en inhibant la neurotransmission excitatrice induite par le glutamate. l’exposition au soleil pendant 30 minutes chaque jour nous fournit de la vitamine D essentielle à l'utilisation cellulaire de magnésium , l'activité physique régulière est également essentielle pour favoriser la production optimale de GABA, contribuant ainsi à une meilleure gestion du stress et une plus grande patience [4]
l'hyper activation de système de stress ( alpha sympathique) à long terme entraîne une élévation chronique de cortisol ce qui augmente l'activité de l'amygdale, une zone du cerveau associée à la gestion des émotions. Cela peut rendre une personne plus réactive, plus nerveuse et moins apte à gérer la frustration, ce qui peut entraîner un sentiment d'impatience. : Des études ont montré que le cortisol peut diminuer la production de GABA en modulant l'activité des enzymes responsables de sa synthèse. Par exemple, le cortisol pourrait réduire l'expression de l'enzyme glutamate décarboxylase (GAD), qui est essentielle à la conversion du glutamate en GABA [6].
Le stress oxydatif est un facteur déclencheur de la sécrétion de cortisol. La vitamine C et le sélénium agissent en synergie pour réduire le stress oxydatif et le cortisol rendent le corps plus apte à confronter le stress ( physique et psychologique). les aliments pro inflammatoires ( fritures, les aliments industriels, ) amplifient le cercle vicieux de stress.
La choline, ( un nutriment qui se trouve principalement dans les jaunes d’oeufs ) via son métabolite principal, l'acétylcholine, peut également influencer l'activité des récepteurs GABA dans le cerveau. Des études ont montré que l'activation des récepteurs cholinergiques pourrait moduler la réponse des récepteurs GABA-A, améliorant leur efficacité dans l'inhibition neuronale [7] . Cela pourrait renforcer l'effet inhibiteur du GABA, ce qui est crucial pour réguler les excitations neuronales et favoriser la relaxation et la réduction de l'anxiété. Par exemple, une carence en choline pendant la grossesse peut perturber le développement des circuits neuronaux impliqués dans la synthèse et la modulation du GABA, ce qui pourrait avoir des conséquences à long terme sur la régulation de la réponse au stress .
Divers actes et pratiques peuvent renforcer cette capacité à être patient et à lâcher prise.
Parmi ces pratiques, la gratitude joue un rôle clé. En prenant le temps de reconnaître et d'apprécier les aspects positifs de la vie, même dans les situations difficiles, nous développons une attitude plus calme et plus sereine. Cela nous aide à relativiser les obstacles et à maintenir notre patience face aux épreuves.
La méditation, est un puissant outil pour cultiver la patience. En nous ancrant dans l'instant présent, elle nous apprend à observer nos pensées et émotions sans jugement
La pratique de l’empathie, en nous mettant à la place des autres, nous permet de développer une plus grande tolérance envers les comportements des autres. Aider les autres, en partageant du temps ou des ressources, favorise également une attitude plus calme et ouverte, renforçant ainsi notre propre patience. Enfin, le partage des connaissances et l'échange avec autrui jouent un rôle fondamental. partager des idées ou apporter du soutien à ceux qui en ont besoin nourrit un sentiment de connexion, ce qui peut accroître notre capacité à être patient face aux défis et aux imperfections de la vie. [8]
En résumé , la patience ne réside pas uniquement dans un aspect psychologique pure , mais elle est fortement influencée par plusieurs mécanismes biologiques complexes qui impliquent notre microbiote intestinal, l’équilibre de nos neurotransmetteurs , certains micronutriments et nos habitudes de vie, et notre comportement avec les autres
Concu et rédigé par Salim chibani édition 11/01/2025
Références:
[1]Abdou AM, Higashiguchi S, Horie K, Kim M, Hatta H, Yokogoshi H. Relaxation and immunity enhancement effects of gamma-aminobutyric acid (GABA) administration in humans. Biofactors. 2006;26(3):201-8. doi: 10.1002/biof.5520260305. PMID: 16971751
[2] Dhakal R, Bajpai VK, Baek KH. Production of gaba (γ - Aminobutyric acid) by microorganisms: a review. Braz J Microbiol. 2012 Oct;43(4):1230-41. doi: 10.1590/S1517-83822012000400001. Epub 2012 Jun 1. PMID: 24031948; PMCID: PMC3769009.
Format:
[3] Karakan T, Ozkul C, Küpeli Akkol E, Bilici S, Sobarzo-Sánchez E, Capasso R. Gut-Brain-Microbiota Axis: Antibiotics and Functional Gastrointestinal Disorders. Nutrients. 2021 Jan 27;13(2):389. doi: 10.3390/nu13020389. PMID: 33513791; PMCID: PMC7910879.
[4] Barzroodi Pour M, Bayat M, Golab F, Eftekharzadeh M, Katebi M, Soleimani M, Karimzadeh F. The effect of exercise on GABA signaling pathway in the model of chemically induced seizures. Life Sci. 2019 Sep 1;232:116667. doi: 10.1016/j.lfs.2019.116667. Epub 2019 Jul 18. PMID: 31326567.
Format:
[5] Hou H, Wang L, Fu T, Papasergi M, Yule DI, Xia H. Magnesium Acts as a Second Messenger in the Regulation of NMDA Receptor-Mediated CREB Signaling in Neurons. Mol Neurobiol. 2020 Jun;57(6):2539-2550. doi: 10.1007/s12035-020-01871-z. Epub 2020 Mar 25. PMID: 32215817; PMCID: PMC8202957.
[6] Mody I, Maguire J. The reciprocal regulation of stress hormones and GABA(A) receptors. Front Cell Neurosci. 2012 Jan 30;6:4. doi: 10.3389/fncel.2012.00004. PMID: 22319473; PMCID: PMC3268361.
[7] Pittaluga A, Raiteri M. Choline increases endogenous GABA release in rat hippocampus by a mechanism sensitive to hemicholinium-3. Naunyn Schmiedebergs Arch Pharmacol. 1987 Sep;336(3):327-31. doi: 10.1007/BF00172686. PMID: 3683599.
Format:
[8] Guendelman S, Bayer M, Prehn K, Dziobek I. Regulating negative emotions of others reduces own stress: Neurobiological correlates and the role of individual differences in empathy. Neuroimage. 2022 Jul 1;254:119134. doi: 10.1016/j.neuroimage.2022.119134. Epub 2022 Mar 26. PMID: 35351648.
Format:
Comments